Eco et Société
by Zôhé
23 octobre 2020
Elles et ils sont instruits d’un savoir académique, de l’expérience ou simplement porteur d’une intuition. Toutes et tous questionnent nos modèles économiques et sociétaux, le moment que nous vivons, nos responsabilités.
On peut ne pas partager telle ou telle analyse, point de vue ou prospective. Bien sur. L’important est de s’y intéresser, d’en explorer le sens, de façonner nos propres convictions et prendre part à l’élaboration d’une société et d’une économie plus imprégnée de nos esprits.
Pour une économie plus féminine, plus solidaire ..
MORCEAUX CHOISIS ..
Mariana Mazzucato
L’état entrepreneur – Fayard 2020
“La façon dont le mot valeur est utilisé dans l’économie moderne a permis à ceux qui sont de simples extracteurs de cette valeur de se faire plus facilement passer pour ceux qui la créent réellement.”
Mariana Mazzucato enseigne l’économie de l’innovation et des biens publics à l’University College London (UCL), où elle a fondé et dirige l’Institut pour l’Innovation & l’Intérêt général (IIPP)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mariana_Mazzucato
Emilie Hache, philosophe, chercheuse, enseignante à Nanterre
Un autre monde possible
“On a aujourd’hui ce sentiment de deux mondes possibles qui nous attendent, sans savoir encore vers lequel nous allons basculer. D’un côté le monde capitaliste d’avant est sur le pied de guerre pour nous imposer une nouvelle “doctrine du choc”, cherchant à s’appuyer sur cette crise pour accélérer encore son entreprise de privatisation et de prédation du monde – si l’on est en “guerre” c’est de celle-là qu’il s’agit ! De l’autre, cet “autre monde possible”, soi-disant inexistant, dans lequel est suspendu, du moins considérablement ralenti, notre système économique – Cette crise ne fait que confirmer ce que l’on sait depuis longtemps, à savoir que la grande majorité des gens sont capables d’entraide, désireux de créer des liens de solidarité, de se sentir utiles, responsables ..”
Source : Imagine, demain le monde – le magazine belge francophone des mutations en cours et à venir
Pierre-Henri Thomas
Les économistes ont-ils perdus le nord ?
“Mondialisation, inflation, taux, dettes publiques .. sur nombre de sujets, les économistes ont perdus leurs repères – La crise sanitaire n’a pas seulement ébranlé notre vie. Elle a aussi chamboulé celle des économistes qui ont vu voler en éclats certaines règles de la mondialisation, les taux d’intérêts, les dettes publiques ou les objectifs de la politique monétaire, qu’ils considéraient pourtant coulés dans le béton. “
Source : Trends Tendances du 17 septembre 2020
https://trends.levif.be/economie/auteurs/pierre-henri-thomas-177.html?cookie_check=1603379423
Isabelle Ferreras ..
La contradiction entre capitalisme et démocratie atteint un point de non-retour
“Le capitalisme est un régime de gouvernement qui alloue les droits politiques en fonction de la possession du capital. La démocratie est un régime de gouvernement qui est fondé sur la reconnaissance de l’égalité de chacun et chacune “en dignité et en droits”.
L’entreprise capitaliste doit être comprise comme une entité politique constituée de deux classes d’investisseurs, les investisseurs en capital et les investisseurs en travail”
Bruno Colmant
Hypercapitalisme, le coup d’éclat permanent
“Le néolibéralisme désigne un système de pensée libéral qui s’articule autour de la dénonciation de l’Etat providence, de la promotion de l’économie de marché et la dérégulation des marchés – le néolibéralisme est antiétatique, voire antisocial, car il ne répond d’aucun sytème de répartition ou de redistribution, ce qui est à l’opposé des Etats providence européens ..
Il faudrait aussi, même si cela paraît désuet, reconnaître que nous devons, individuellement et collectivement, écarter la jouissance éphémère et narcissique du présent pour s’assurer que les générations suivantes pourront bénéficier d’un monde en croissance solidaire.”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Colmant
Marthe Nyssens, professeur.e d’économie sociale à l’UCL
Changer de logiciel
“La question n’est pas croissance ou décroissance, la question est de prendre en considération d’autres indicateurs qui remettront la croissance à sa juste place .. “
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marthe_Nyssens
Nathalie Elgrably-Lévy, HEC Montréal
L’imposture du néo-féminisme
“L’émancipation exige la liberté individuelle. Une femme émancipée doit donc pouvoir librement choisir le mode de vie qui lui convient sans devoir entrer dans un moule préconçu ou satisfaire un prêt-à-penser. Elle doit pouvoir se définir elle-même et non permettre à la société de la délimiter. La véritable liberté, c’est de pouvoir choisir de poursuivre une carrière ou d’être mère au foyer sans craindre d’être jugée et sans avoir à s’excuser.”
Source : Le Journal de Montréal du 8 mars 2019
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathalie_Elgrably-Lévy
Navi Radjou, L’Innovation frugale –
Comment faire mieux avec moins
“La génération Y a déjà décidé de consommer différemment. Elle se définit non plus par l’achat et la propriété, mais davantage par l’appartenance à une communauté qui met en commun des biens, des idées .. la devise des baby-boomers, c’était : “je consomme donc je suis”. Celle de la génération Y serait plutôt : “je créée donc je suis”. Cette génération démontre une certaine capacité de s’affranchir de l’obsession du capital – L’innovation frugale est avant tout une affaire de personnes : c’est l’ingéniosité humaine qui est le moteur, pas le code informatique ..
Un moyen de corriger les aspects les plus excessifs de la consommation et du gaspillage tels que nous les avons connus au XXe siècle – Trouver des solutions qui apportent dix fois plus de valeur à un coût dix fois moindre n’est pas seulement un impératif économique, c’est une exigence sociale.”
https://en.wikipedia.org/wiki/Navi_Radjou
Source : Editions Diateino 2015
Dominique Schnappers, sociologue, adepte du Gai Savoir
“Il existe le risque que l’intérêt général s’évanouisse si les grands projets – qui dépassent la vie quotidienne – ne sont plus portés par une conviction républicaine et une conception du bien commun. La civilisation du confort immédiat, individuel, présente des dangers potentiels. Une société doit rester unie par un minimum de valeurs communes, faute de quoi elle se délite. Progressivement, l’individu démocratique tend à refuser toutes les limites naturelles ou sociales. Il se veut créateur de lui-même et détaché de tout engagement.
Dans une société où l’autorité n’est plus spontanée puisque l’individu démocratique, qui est le vrai souverain, est normalement et légitimement critique, et critique de toutes les institutions. On ne parle plus aux enfants au nom de l’autorité spontanément reconnue aux parents, on leur explique ce qu’ils doivent faire en justifiant la décision qu’on essaie de leur imposer. Un enfant a très tôt la conviction qu’il a des “droits”. On peut imaginer un point ultime de l’évolution actuelle où l’on n’admettrait plus aucune autorité liée à l’âge, à l’expérience, au rôle institutionnel ou à la compétence. On en voit les premier signes dans l’actualité.
Quand il s’agit d’élites de la connaissance, nous risquons d’avoir la même attitude. Or croire que mon avis sur le dérèglement climatique vaut celui des savants est une grave erreur.
Les démocrates sont tentés de penser que tous ont le droit de juger, que toutes les opinions se valent ou plutôt que les opinions valent la connaissance. Le fait d’être juridiquement et politiquement égaux, ce dont il faut se réjouir, ne doit pas signifier que nous sommes semblables ou identiques. Un homme et une femme n’est pas interchangeable dans toutes les dimensions de la vie.”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Schnapper
Hermine Tirtiaux-Hanotiaux, industrielle
Face aux Difficultés économiques (1939)
“Si nous considérons deux personnes pourvues des mêmes matériaux de construction, il suffira d’une conception différente pour que l’une bâtisse une bicoque et l’autre un joyau ..”
Karl Marx
“Il y a un fossé entre la valeur intrinsèque d’un produit qui dépend du travail des ouvriers, et le prix auquel le capitaliste vend ce produit, en s’octroyant au passage une plus-value qui ne correspond à aucune valeur ajoutée.”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx
Guido Despiegelaere, directeur Vlaams Economisch Verbond, rédacteur De Standaard
L’économie moderne redécouvre, ou impose, les loisirs. Un luxe de nantis ou une nouvelle façon de vivre ?
“Il y a un siècle, en plein coeur de la révolution industrielle, ouvriers et ouvrières – sans oublier les enfants – travaillaient 80 heures par semaine. Douze heures par jour, six jours et souvent sept par semaine – La semaine moyenne de travail en Europe est descendue aujourd’hui sous les quarante heures et elle évolue vers les trente-cinq heures. Avec quatre semaines de vacances et une panoplie de jours fériés en prime.
Le paradoxe moderne : les gens travaillent moins mais sont plus stressés.
Tandis que l’économie tourne avec moins de gens qui travaillent moins longtemps.. on n’a jamais autant parlé du stress sur le lieu de travail. Des lois protègent désormais les employés contre cette forme d’agression psychologique. On vit plus longtemps tout en travaillant moins et on n’a jamais autant incriminé le travail – Incontestablement, le manque de temps et le stress constituent des symboles de prestige dans notre société moderne.”
Source: Le Vif / Trends / De Standaard – Les années 2000, édition spéciale
Muhammed Yunus, inventeur du micro crédit, créateur de la Grameen Bank – Prix Nobel 2006
L’entrepreneuriat est dans notre ADN, il est dans notre sang
“L’un des plus gros mensonges de l’humanité a été de nous laisser penser qu’il était normal de chercher un emploi et travailler pour quelqu’un. Les humains ne sont pas sur cette planète pour travailler pour quelqu’un d’autre. Au départ, l’individu est indépendant. Il est chasseur, cueilleur; il cherche des solutions à ses problèmes. Dans le cadre d’un job, il reçoit des “instructions, des ordres” et laisse au placard sa créativité. Et l’entrepreneuriat est une expression de notre créativité ..”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Muhammad_Yunus
Mary Beard, professeure de lettres à Cambridge, auteure de Women & Power
Les codes doivent changer, pas les femmes
Mary Beard met en lumière les codes de la masculinité sur lesquels repose la notion de pouvoir et affirme que les femmes ne pourront jamais se contenter d’adopter et d’adapter ces codes. En fait, ce sont ces codes eux-mêmes qu’il faut repenser.
Source : The New Yorker
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Beard
Daniel Cohen, économiste
Il faut dire que les temps ont changé
“.. l’émergence d’Internet et des nouvelles technologies ont contribué à détruire l’ancien monde industriel sans vraiment en proposer un nouveau – Le capitalisme s’est surtout ré-inventé dans la manière d’organiser des biens. Il n’a pas ré-inventé une nouvelle société de consommation – Airbnb, Booking renvoient toujours vers des hôtels ou des appartements. On est dans une philosophie de réduction des coûts. On gagne de la productivité ou du pouvoir d’achat mais ce n’est pas un système durable – Ce ne sont pas des technologies qui sont au service d’une réorganisation de la société – Si la valeur du bien que je produis est le temps que je passe avec les autres, le temps n’est pas extensible. Il n’y pas de croissance possible.”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Cohen_(économiste)
Eva Illouz et Edgar Cabanas
Happytcratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies
“Une société qui fait du bonheur sa valeur cardinale façonne les individus de telle sorte qu’ils en viennent à se détourner du collectif, du soin aux autres et de l’intérêt commun – la quête incessante du bonheur fait naître de nouvelles formes de frustrations, notamment chez la nouvelle génération ..”
https://www.babelio.com/livres/Illouz-Happycratie/1068715